Compétence culturelle dans la pratique de l’ABA (Different Roads to Learning)

Article original : Cultural Competency in ABA Practice

Traduction :

Le Behavior Analyst Certification Board (BACB) sur son site Web répertorie les analystes du comportement accrédités de 99 pays répartis sur 6 continents. Les analystes du comportement et les utilisateurs d’analyse du comportement établissent désormais des empreintes à travers le monde. Chacun de ces pays possède son propre ensemble de pratiques et de normes culturelles. Leon Megginson, auteur de Small Business Management, a déclaré : « Ce n’est pas le plus fort ou le plus intelligent qui survit, mais celui qui s’adapte le mieux au changement ». Compte tenu des taux élevés de migration mondiale et de la diffusion internationale souhaitée par notre domaine, les praticiens se retrouvent au service d’une population de plus en plus diversifiée. Un article récent dans Behavior Analysis in Practice par Andrea Dennison et ses collègues met en évidence les variations dans les normes culturelles, les compétences linguistiques des soignants et des praticiens qu’un psychologue ABA culturellement compétent doit prendre en compte lors de la conception d’un programme à domicile.

Quels sont les obstacles ?

Le Code de conformité professionnelle et éthique pour les analystes du comportement du Conseil de certification des analystes du comportement exige que les analystes du comportement tiennent compte du rôle de la culture dans la prestation de services (code BACB 1.05c), impliquent les personnes et les familles dans le processus (code BACB 4.02) et individualisent le plan d’accompagnement pour répondre aux besoins de la personne (code BACB 4.03). Pourtant, la liste des tâches de la quatrième édition du BACB et la prochaine liste des tâches de la cinquième édition qui définissent le champ de pratique d’un analyste du comportement accrédité ne font pas beaucoup mention de la culture – ce qui signifie que les programmes de formation n’incluent généralement pas la compétence culturelle. Dennison et ses collègues (2019) ont identifié plusieurs obstacles à l’accompagnement ABA pour les familles culturellement et linguistiquement diverses et ont mis en évidence des moyens de les surmonter.

Avons-nous des stéréotypes ?

Sous l’influence des médias ou des personnes qui nous entourent, nous avons tendance à catégoriser les gens en groupes sociaux et à créer une conception simplifiée du groupe basée sur certaines hypothèses – nous créons des stéréotypes et avons des préjugés. Les préjugés implicites d’un praticien envers certains sous-groupes culturels peuvent entraîner un préjugé subtil, mais observable envers la personne, et avoir un impact négatif sur les résultats de l’accompagnement. Dennison et al (2019) suggèrent que “l’auto-réflexion et l’introspection d’un praticien concernant les attitudes et pratiques culturelles envers les personnes” peuvent être une première étape pour éliminer ces préjugés.

Sommes-nous conscients des normes culturelles ?

Les praticiens se retrouvent souvent dans une variété de contextes et de situations avec des contingences variables. Chaque culture s’accompagne de son propre ensemble de comportements, de croyances et de normes appris. Dennison et ses collègues ajoutent que certaines cultures pourraient préférer une discussion chaleureuse et informelle avec un psychologue ABA avant une réunion formelle pour discuter des objectifs. Une violation de cela pourrait sembler rebutante pour les personnes, et inversement, une telle attente d’une discussion informelle pourrait surprendre l’analyste. Dans certaines cultures, même une simple poignée de main pour saluer peut être offensante. Ils recommandent que les praticiens surveillent les personnes accompagnées pour identifier des signes d’inconfort ou de mécontentement au cours de la séance afin d’identifier si une norme culturelle n’a pas été respectée.

Que faire lorsqu’un praticien ne parle pas la langue maternelle du client ?

Une incompatibilité linguistique entre la langue du praticien et la langue parlée à la maison peut entraîner une perte d’informations. Une personne peut ne pas être en mesure d’exprimer complètement ses priorités en termes de soutien dont il a besoin. Dennison exhorte les praticiens à faire tout leur possible pour inviter un praticien ou un interprète bilingue, en personne ou en ligne, aux futures réunions de famille. Fournir à la famille un accès aux manuels ABA écrits dans leur langue maternelle pourrait être un bon moyen d’introduire la terminologie ABA et de conduire à une meilleure acceptabilité des accompagnements. Les auteurs mettent en garde contre l’utilisation de mots vaguement traduits; les outils en ligne peuvent ne pas être idéaux pour les activités qui nécessitent des définitions précises.

Analyse culturelle

“Une analyse culturelle implique une analyse individuelle des facteurs culturels affectant l’environnement d’un individu et la contingence qui en résulte”, ajoutent les auteurs. Une réévaluation des priorités dans les objectifs pourrait être justifiée, et une analyse culturelle pourrait indiquer quels comportements sont identifiés comme les principales cibles d’intervention. Dennison se réfère à l’importance de l’étiquette sociale et à la valeur accordée à l’évitement des conflits dans les cultures latines à titre d’exemple. La mesure de la validité sociale pourrait donner à l’analyste des informations sur la question de savoir si la famille considère le changement de comportement comme significatif.

L’empathie grandit à mesure que nous apprenons

Essayez de ne pas stigmatiser les familles immigrantes comme étant « indifférentes » parce qu’elles n’ont pas demandé d’accompagnement plus tôt. Plusieurs facteurs de stress socioéconomiques tels que le manque de logement et la disponibilité des transports jouent probablement un rôle dans leur décision. Les auteurs exhortent les praticiens à faire preuve d’empathie envers ces familles et ajoutent que des tentatives d’empathie peuvent être faites même si le praticien et la famille ne partagent pas une langue commune à la maison.

Enfin, le manque de diversité dans la recherche avec l’omission de détails démographiques tels que la langue et l’origine ethnique des participants aux publications scientifiques ne tient pas compte de la valeur critique de ces informations. Cela appelle une évolution sur le terrain vers un recrutement intentionnellement inclusif des sujets et la communication de ces informations.

Un analyste du comportement culturellement compétent n’est pas quelqu’un qui sait tout ce qu’il y a à savoir sur chaque culture. Ce serait impossible. C’est quelqu’un qui peut reconnaître que des modèles de différences culturelles peuvent être présents, et qui est alors capable de voir une situation d’un point de vue culturel différent du sien. Maintenir une curiosité à l’égard de la culture de chaque client et avoir un dialogue ouvert avec eux sur leurs origines, leur origine ethnique et leur système de croyances peut entraîner un résultat positif pour le client et l’analyste.

“Si nous voulons vivre avec nos différences les plus profondes, nous devons apprendre les uns des autres.” – Deborah J.Levine

Référence

Dennison, A., Lund, E., Brodhead, M., Mejia, L., Armenta, A. et Leal, J. (2019). Delivering Home-Supported Applied Behavior Analysis Therapies to Culturally and Linguistically Diverse Families. Behavior Analysis in Practice, OnlineFirst, 1-12

Publié dans A.B.A., Accompagnements, Autisme

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