Stratégies simples fondées sur des données probantes pour enseigner la régulation des émotions (Different Roads to Learning)

Article original : Simple Evidence-based Strategies for Teaching Emotion Regulation

Traduction :

Brève revue de la régulation des émotions

Nous ne pouvons pas ignorer que les enfants ont des émotions. En tant qu’analystes du comportement, nous sommes formés pour étudier les comportements observables et mesurables, et non les événements privés tels que les pensées et les émotions. Mais comment pouvons-nous ignorer que certains des élèves avec lesquels nous travaillons ont du mal à gérer ce qu’ils ressentent ? Nous devons permettre à nos élèves d’éprouver ces émotions, mais il est également important de leur enseigner des stratégies d’adaptation et des techniques de régulation des émotions. En termes d’importance sociale, il s’agit là d’un point important !

Les personnes atteintes de TSA ont plus de difficultés à réguler leurs émotions et démontrent systématiquement des stratégies de régulation moins adaptatives, ainsi que des problèmes d’intériorisation tels que l’anxiété et des problèmes d’extériorisation tels que l’agression (Cai et al., 2018). La régulation des émotions est la capacité à faire des choses difficiles malgré des sentiments inconfortables. C’est la capacité à utiliser des stratégies pour gérer des émotions telles que la déception, la frustration et la colère – et à s’en remettre. C’est une forme de résilience que beaucoup de nos apprenants gagneraient à apprendre.

Oui ! En tant qu’analystes du comportement, nous ne mettons en œuvre que des stratégies et des programmes de régulation des émotions fondés sur des données probantes.

Oui ! Nous devons être en mesure de décrire ces comportements de manière observable et mesurable.

Oui ! Nous devons continuellement recueillir des données et les analyser afin d’apporter les changements nécessaires.

Selon Skinner (Verbal Behavior, 1957), les événements privés sont considérés comme des comportements qui sont sous le contrôle de stimuli environnementaux et peuvent être définis en termes comportementaux. Skinner a noté que le béhaviorisme radical « n’insiste pas sur la vérité par accord et peut donc considérer les événements qui se déroulent dans le monde privé à l’intérieur de la peau. Il ne qualifie pas ces événements d’inobservables » (Skinner, 1974, p. 16).

Conformément à la définition de Skinner, les émotions et la régulation des émotions sont des événements privés. Elles sont sous le contrôle de stimuli environnementaux, mais elles peuvent être définies et mesurées. Prenons l’exemple de l’anxiété. L’anxiété devrait être définie individuellement pour chaque personne, y compris les événements observables et mesurables tels que les joues rouges, les oreilles rouges et les bourdonnements de mains d’une manière particulière. De même, la régulation des émotions pourrait être définie comme l’utilisation de stratégies telles que compter à rebours ou prendre trois respirations profondes.

Alors, comment parler des sentiments et enseigner les stratégies de régulation des émotions d’une manière analytique ? Avant de passer en revue sept de nos stratégies préférées, il est très important de recueillir des données de base sur les déclencheurs et les événements courants, car ces situations serviront de base à vos séances d’entraînement et à vos efforts pour promouvoir la généralisation des compétences de régulation ciblées.

7 stratégies de régulation des émotions

Les stratégies de régulation des émotions sont mieux enseignées lorsque l’élève est calme et qu’il bénéficie d’un soutien et d’un modèle pendant qu’il vit ses émotions. Elles peuvent ensuite être généralisées aux moments où l’élève est plus perturbé. Nous ne savons pas ce qu’il en est pour vous, mais lorsque nous sommes très contrariés, nous nous sentons encore plus mal lorsque quelqu’un nous dit de nous « calmer » ou de nous « détendre ». Dans le feu de l’action, nous n’avons pas les idées claires. Trouvez un moment où l’élève est calme et faites de l’apprentissage une expérience positive. Voici quelques techniques d’enseignement :

  1. Identifier et enseigner les compétences préalables : L’enseignement de la régulation des émotions dans le cadre de l’ACA nécessite des compétences fondamentales telles que la communication de base (c’est-à-dire la capacité à obtenir la satisfaction de ses besoins), la compréhension du renforcement (c’est-à-dire la contingence premier/ensuite), le contrôle des impulsions, la conscience de soi et la capacité à reconnaître les émotions en soi (Conallen & Reed, 2016). Le développement de ces compétences préalables est nécessaire pour s’assurer que les apprenants peuvent comprendre des concepts plus complexes lorsque vous commencez à enseigner les stratégies de régulation des émotions.
  2. Enseigner à l’aide de supports visuels : Les supports visuels, comme les photographies, les icônes, les textes et les vidéos, sont une stratégie fondée sur des données probantes utilisée pour enseigner de nouvelles compétences aux enfants atteints de TSA en leur fournissant des indices (Hume et al., 2014). Nous ne pouvons pas supposer qu’un enfant sait ce que signifie « anxieux » ou « frustré ». Lorsque l’on enseigne des concepts abstraits tels que les sentiments, il est important d’utiliser des supports visuels. L’utilisation de supports visuels pendant l’enseignement améliore la compréhension, soutient la communication, facilite la mémoire et le rappel, et accroît l’engagement, rendant l’apprentissage plus efficace et moins anxiogène (Beaumont & Sofronoff, 2008). Par exemple, vous pouvez montrer des vidéos de personnes en colère, anxieuses et frustrées et les étiqueter. Vous pouvez demander aux élèves d’identifier et de faire correspondre les émotions à diverses situations (Conallen & Reed, 2016). Conseil – pour une réussite maximale, commencez par des mots d’émotion que l’élève a déjà appris. Le visuel des feux de signalisation illustré à la figure 1 est un exemple de ce que vous pouvez utiliser pour soutenir l’enseignement. Le rouge, le jaune et le vert correspondent à différents états émotionnels. Si l’élève sait lire, des stratégies d’apaisement peuvent être écrites à côté des couleurs. Veillez à associer ce visuel à un enseignement fondé sur des données probantes, tel que l’incitation, la modélisation et le renforcement différentiel. Pour les élèves plus jeunes, nous avons utilisé un simple flip book avec des petits cercles correspondant à différents états émotionnels. Au recto des cercles se trouve une image de l’émotion et au verso des images de différentes stratégies d’apaisement. Avec une incitation et une décoloration, l’élève peut apprendre à passer à la couleur qui correspond à son état émotionnel, puis à s’engager dans des activités apaisantes. (Voir la figure 2 pour un exemple visuel).
  3. Modéliser les comportements d’étiquetage : La modélisation est depuis longtemps utilisée comme un moyen efficace dans l’analyse appliquée du comportement (Brody et al., 1978). Modélisez l’étiquetage de votre comportement et de celui de votre élève. Lorsque quelque chose vous frustre, dites quelque chose comme « Je me sens tellement frustré que j’ai besoin de respirer profondément pour me calmer ». Si un élève s’assoit calmement, dites : « J’aime ton calme. Tu as l’air de te sentir vert et calme », tout en montrant le cercle vert. S’il est contrarié, dites : « Tes épaules sont levées, on dirait que tu te diriges vers le jaune et que tu es contrarié », et faites basculer le cercle vers le jaune. À ce stade, rien n’est demandé à l’élève, si ce n’est qu’il tolère que vous fassiez des commentaires.
  4. Enseignement par essais discrets : en plus de l’étiquetage des émotions in situ (dans un environnement naturel plutôt que sur une table) à l’aide de supports visuels, un enseignement formel peut s’avérer nécessaire. En utilisant l’enseignement par essais discrets, apprenez à l’élève à identifier de manière réceptive les différentes couleurs et les sentiments correspondants. Par exemple, pour l’identification réceptive, vous pouvez présenter les trois cercles et dire : « Montre-moi le cercle de la colère ». Pour l’identification expressive, vous demandez à l’élève de nommer l’émotion représentée dans votre matériel. Par exemple, vous pouvez demander : « Qu’est-ce que ce cercle ? Vous lui demanderez également de décrire ce qu’il ressent. « Vous avez l’air d’être jaune. Comment vous sentez-vous ? » Pour en savoir plus sur l’efficacité de l’enseignement par essais discrets et sur les lignes directrices actuelles, consultez Leaf et al. (2017). Utilisez des pratiques fondées sur des données probantes, telles que l’incitation, l’effacement de l’incitation et le renforcement différentiel, pour enseigner cela. Grâce à une mise en forme appropriée et à l’effacement de l’incitation, l’élève devrait finalement être en mesure d’identifier et d’étiqueter son comportement de manière réceptive, puis de manière expressive. Pour en savoir plus sur l’enseignement des compétences réceptives, consultez le blog sur les étiquettes réceptives.
  5. Formation aux compétences comportementales (BST) : Lorsque l’élève est calme, utilisez la formation aux compétences comportementales (Sarokoff & Sturmey, 2004) pour lui enseigner des comportements de remplacement positifs qui l’aideront à réguler ses émotions. La formation aux compétences comportementales comporte quatre volets : L’enseignement, le modelage, la répétition et le retour d’information.
    • a) Instruction : Expliquez brièvement pourquoi ces stratégies d’apaisement sont importantes. Si l’élève ne comprend pas le langage utilisé, évitez les explications trop longues.
    • b) Modélisation : Modélisez ensuite quelques stratégies d’apaisement.
    • c) Répétition : Entraînez-vous en jouant ensemble des comportements tels que « respirer profondément », « compter jusqu’à 5 », « faire une promenade », etc. Il peut être nécessaire d’adapter ces comportements à l’apprenant afin de déterminer ce qui le calme. Incorporez le choix. Quelles sont les techniques que votre élève préfère ?
    • d) Rétroaction : Donnez à l’élève beaucoup de commentaires positifs et un seul commentaire correctif à travailler. Faites-le souvent pendant les séances d’entraînement et commencez lentement à aider l’élève à utiliser ces stratégies lorsqu’elles commencent à s’intensifier. Au début, cette tâche sera dirigée par l’enseignant (c’est-à-dire que l’instructeur devra peut-être inciter l’élève à répondre). Cependant, l’objectif final est que l’élève démontre cette réponse de manière autonome.
  6. Donnez un retour d’information : Donnez à l’élève un retour d’information sur ce qu’il fait. Renforcez les comportements tels que « utiliser des stratégies d’apaisement » ou « faire savoir aux autres ce que vous ressentez ». Il est important de ne pas féliciter l’élève pour son calme. Le message doit être qu’il est normal de ressentir d’autres émotions, mais qu’il n’est pas normal d’adopter un comportement difficile lorsque l’on ressent ces émotions. S’il y a un épisode de comportement négatif au cours duquel les stratégies de régulation n’ont pas été utilisées, faites un débriefing sur ce point également. Lorsque l’élève est calme, passez en revue l’incident et discutez de la manière dont il pourra s’améliorer la prochaine fois. Utilisez des supports visuels pour ces conversations. N’oubliez pas qu’ils n’ont pas besoin d’être sophistiqués. Dessinez-les sur le moment, à l’aide de figures en bâtons et d’impressions à l’encre de Chine. Vous pouvez représenter visuellement le résultat de l’utilisation des stratégies et du retour au calme par rapport à la non-utilisation des stratégies. Ensuite, vous pouvez faire un jeu de rôle pour que l’enfant s’exerce à améliorer son comportement la prochaine fois.
  7. Promouvoir la généralisation des compétences dans l’environnement : Mettez en place des situations d’entraînement dans des environnements et avec des personnes nouveaux afin que l’élève puisse s’entraîner à utiliser les stratégies et à obtenir un renforcement pour les comportements qu’il adopte. Assurez-vous d’avoir des éléments visuels lorsque vous vous entraînez. Revenez sur les déclencheurs courants que vous avez notés lors de votre évaluation de base. Ces nouvelles compétences sont-elles utilisées dans ces situations ? Si ce n’est pas le cas, mettez en pratique les stratégies susmentionnées pour que la généralisation soit plus facile à observer.

Mesurer les progrès

La collecte de données est également un élément important de l’enseignement de la régulation des émotions. Vous devez recueillir des données sur des éléments tels que :

  • la fréquence des comportements difficiles (elle devrait diminuer au fur et à mesure que l’apprenant devient plus compétent en matière d’autorégulation)
  • La durée des pics de comportement difficile, du début à la fin (ou jusqu’à ce que des stratégies d’apaisement soient utilisées).
  • Les déclencheurs antécédents du comportement difficile (la connaissance de cette information peut guider la façon dont vous enseignez la généralisation des compétences de régulation).
  • Niveau d’autonomie dans l’identification de son état émotionnel (c’est-à-dire, combien d’incitations ont été nécessaires, le cas échéant)
  • Niveau d’autonomie dans la mise en œuvre d’une routine d’apaisement
  • Capacité à s’adapter à de nouveaux environnements et à de nouvelles personnes.

En résumé

Lorsque l’on enseigne les émotions et la régulation des émotions, il faut d’abord définir ces événements privés à l’aide de termes observables et mesurables. Ensuite, il est important d’utiliser des pratiques d’enseignement fondées sur des preuves, telles que l’utilisation de supports visuels, la modélisation, l’incitation, l’effacement de l’incitation, le renforcement différentiel et l’entraînement aux compétences comportementales. Une fois que nos élèves ont une meilleure compréhension des émotions, nous voulons leur apprendre qu’il est normal d’éprouver ces sentiments. Nous voulons les aider à les comprendre, à les exprimer et à les gérer. L’objectif est qu’ils utilisent des comportements de remplacement tels que des techniques d’apaisement lorsqu’ils se sentent anxieux, en colère, etc. au lieu d’adopter un comportement difficile. Avec un enseignement et une pratique réussis, les élèves peuvent devenir maîtres de leur propre comportement ! En tant que nouvel analyste du comportement, nous vous souhaitons tout le succès possible !

Publié dans Autisme

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